Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

franchise et leur violence même, la conviction de l’orateur. Et cette conviction n’est point un tort de l’âme elle peut très-bien reposer sur de nobles et énergiques sentimens mais elle est une erreur de l’esprit ; et, dans les temps de crise surtout, une erreur politique devient quelquefois si fatale Voyons, Monsieur les choses telles qu’elles sont, et consultons l’histoire. Sous la première race de nos Rois, tous les services, même la solde de l’armée, étaient payés en fonds de terre substitués. C’était l’effet de la rareté du numéraire et de l’abondance des terres vacantes, prises sur l’ennemi, ou non encore défrichées. Il est indubitable que les premiers directeurs de la Révolution auraient mis en usage ce mode de paiement, s’il n’y avait pas euun autre moyen de suppléer à la rareté du numéraire ; c’est-à-dire qu’ils auraient déclaré terres vacantes, ou conquises, tous les biens du Clergé et des Emigrés ; ils les auraient distribués gratuitement aux agens