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des Français l’eussent seuls combattue et renversée ; pour que l’Ordre ancien eût le droit de saisir, seul, tous les fruits du rétablissement des Bourbons sur le trône de France, il aurait fallu que ce rétablissement fût exclusivement son ouvrage ; et non-seulement toute l’Europe y avait contribué, mais la grande majorité des Français même y avait concouru avec abandon et franchise. Cette auguste famille reprenait la couronne, non à titre de victoire, mais à titre de confiance et de réconciliation.

Dès ce moment la révolution aurait pu être terminée, puisque l’objet essentiel de la Révolution était de fondre ensemble, dans un résultat commun, les opinions nouvelles et les opinions anciennes, les nouveaux intérêts et les intérêts anciens. Cette fusion réciproque, cette amalgame salutaire, étaient manifestement dans la pensée du Roi. Mais, ne craignons pas de le répéter, elles étaient d’une exécution très difficile ; parce que, d’une part, la nouvelle France possédait depuis plus de vingt