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précédé son retour, tous les Français opprimés par la Révolution n’avaient pas acquis la paix de son âme et l’étendue de ses lumières ; tous ne savaient point arrêter leurs vœux, leurs espérances, au terme ou la nécessité arrêtait leurs droits.

L’armée ne fut pas licenciée mais, disons-le avec regret, la faute fut si grande ! L’armée fut rebutée, écartée ; des Écrivains insensés osèrent même flétrir ses lauriers. On avait promis à l’ancienne garde qu’elle demeurerait sentinelle du trône et il y avait tant d’honneur auprès de sa bravoure ! On aurait eu tant de droits de compter sur sa fidélité ! On la tint éloignée, dispersée on lui donna pour nouveaux chefs, des hommes qu’elle ne connaissait pas, et qui, la plupart, n’étaient pas des guerriers. Ah ! si le Roi avait pu entendre ses frémissemens ! Mais ils étaient sourds, ils étaient sombres ; ils n’en étaient que plus effrayans.

Et l’on ne se bornait pas à exaspérer l’armée de la France ; on menaçait, on