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table que de la superstition et du fanatisme, parce que c’est principalement la liberté et la fécondité de l’esprit qui souffrent de ces deux maladies de l’espèce humaine. J.-J. Rousseau, plus sensible, plus fort, supporta impatiemment tous les genres de tyrannie ; il souffrait par toute son âme. Il secoua toutes les chaînes qui pesaient sur le caractère de l’homme. Sa révolte eut la fierté pour principe ; mais elle n’eut pas la raison pour guide. Celle de Voltaire fut accompagnée par la raison ; mais elle manqua souvent de grandeur et de fierté.

Si je voulais caractériser J.-J. Rousseau par un de ses ouvrages je choisirais l’Heloïse. Là se trouvent tous les mouvemens de l’âme portés à l’extrême ; c’est le faux, l’invraisemblable, le déréglé, l’impossible par excès d’énergie et de sensibilité.

Si je voulais montrer, par un des ouvrages de Voltaire, combien il avait de talens et de défauts, d’esprit et de faiblesse, je choisirais son Discours de réception à l’académie française. La première partie en est admirable ; on ne peut écrire avec plus de simplicité, de raison et d’abondance, sur une question importante de littérature. La fin de ce discours est misérable. Voltaire, qui voulait dissiper les préventions.