son éloquence, écrire, sur la fin de sa vie, sous le titre de Dialogues, une seconde apologie de ses intentions et de son caractère, ne montrer dans cet ouvrage qu’une âme navrée, affaiblie, bouleversée, épuisée par le malheur, et enfin se croire si cruellement abandonné, ou même repoussé par tous les hommes qui connaissent son nom ou sa personne, qu’il ne lui reste plus qu’à déposer furtivement ses réclamations sur un autel, dans l’espoir qu’elles tomberont entre les mains d’hommes simples, étrangers au monde et à ses passions, et dont la générosité n’aura pu encore être détournée !… Sans doute, c’est presque de la démence ; mais qu’il y a de douleur et même de respect dans la pitié que cette démence inspire ! J.-J. Rousseau, l’homme le plus fort de son siècle, le plus riche de sentimens et de pensées, perdant, sous le poids du chagrin et de l’humiliation, sa raison, sa fierté, son génie, demandant pour ainsi dire, à la charité des passans, l’aumône d’un peu d’affection et de justice !… Quel spectacle ! comme il invite à la réflexion et à la tristesse ! comme il entraîne vers la doctrine des compensations !