Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

est dans ce livre, est, pour ainsi dire, une vérité intéressante qui appartiendra à tous les temps. Chez toutes les nations civilisées, il y aura des hommes très-sensibles qui, exposés à des situations plus ou moins ressemblantes à celles que Rousseau a décrites, éprouveront à peu près ce qu’il a éprouvé, et par conséquent auront du plaisir à se reconnaître dans ses tableaux. D’autres, au contraire qui seront opposés, de caractère et d’habitudes, à ce que fut J.-J. Rousseau, accuseront, blâmeront ses Mémoires, et, par cela même concourront à leur perpétuité, en redoublant l’intérêt et l’affection de ses défenseurs. J.-J. Rousseau, dont les méditations n’ont presque jamais rencontré la vérité, a été toute sa vie d’une véracité parfaite, ce qui suffira pour que son nom soit toujours aimé et honoré ; et à quel âge, dans quelle position a-t-il confié aux hommes tous les détails de son caractère et de sa vie ? C’est lorsque, tous ses ouvrages achevés, il gémissait sous les peines violentes intolérables, que ses envieux, ses ennemis, ses inconséquences, sa franchise, ses passions et son imagination lui avaient suscitées. Malheureux au dernier terme par le sentiment excessif de ses humiliations et de ses chagrins, il développa néanmoins son