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bles ; de la faiblesse dans le commerce de la vie ; de l’avilissement dans les relations les plus intimes des livres magnifiques ; et des enfans à l’hôpital !… Ô déplorable exemple de l’effet que peuvent produire des spéculations fantastiques sur des âmes ardentes ! J.-J. Rousseau, étouffant de sang-froid les premiers sentimens de l’âme pour se donner une grande âme, renonçant aux premiers devoirs pour contracter de chimériques devoirs, brisant les liens les plus sacrés de la société et de la nature pour se lier à la société par des rapports vagues et imaginaires, tarissant autour de lui-même toutes les sources de plaisir, de consolation, de confiance, pour s’ouvrir au loin des sources de fausse gloire et de chagrins devorans !…

On ne peut s’y méprendre ; c’est le besoin de célébrité qui pressa J.-J. Rousseau de s’imposer une privation à jamais flétrissante pour sa mémoire. En lisant ce qu’il dit, et en découvrant ce qu’il insinue des motifs qui le déterminèrent, à se séparer de ses enfans dès leur naissance, on voit qu’il s’abuse de bonne foi ; et c’est ce qui adoucit l’indignation que d’abord il excite ; c’est même ce qui la convertit en pitié. J.-J. Rousseau, la première fois qu’il va devenir père, est lié avec une société d’hommes singu-