le ton la fois passionné et noble pour prendre celui de l’arrogance ; il se montrait dur, intolérant, sauvage ; il rendait mécontens un grand nombre d’hommes, et demeurait encore plus mécontent.
C’est ainsi que, par ses immenses talens il excitait l’envie ; que, par l’usage inconsidéré de ses forces, il soulevait les haines ; que, par ses erreurs, ses paradoxes, ses inconséquences, il fournissait à ses ennemis des armes terribles. Mais, en même temps, sa vigueur de caractère, et l’ascendant toujours spécieux de son imagination brillante, entraînaient les jeunes gens, les femmes, et, parmi les hommes d’un âge mûr, ceux dont la réflexion s’était peu exercée. Ses contemporains se partageaient ainsi en deux classes fortement séparées : les uns le combattaient avec violence et amertume ; les autres le défendaient avec passion ceux-ci s’honoraient de leurs sentimens ; les autres s’indignaient d’un tel délire ; de part et d’autre on perdait toute mesure : bien des hommes qui par caractère, par raison, auraient aimé à être justes passaient dans les rangs ennemis ; ils y étaient poussés par les excès d’admirateurs aveugles : d’autres, au contraire, témoins d’attaques injustes et de procédés coupables, n’é-