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ORNEMENTS DIVERS
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ont les écus de leurs abbayes de Solesmes, Saint-Maur, Ligugé, Saint-Wandrille, Sainte-Madeleine, etc., posés sur une simple crosse en pal. L’écu en forme de losange désignera suffisamment une abbesse ou une abbaye de femmes.

Les cardinaux n’ont pas la crosse. Il sera expliqué plus loin pourquoi celui qui figure sur le titre de notre livre en porte une. La crosse est réservée aux prélats qui administrent un diocèse, ou ont une juridiction plus ou moins étendue. « Un évéque sans juridiction effective ne peut porter la crosse que si l'évêque chez qui il est y consent. L’auxiliaire ne l'a que si l’évêque diocésain qu’il aide veut bien la lui donner »[1].

§ 6. Croix

Dans les attributs ou ornements extérieurs des armoiries épiscopales figurent la croix à croisillon simple pour les évêques, celle à croisillons doubles pour les archevêques, car la croix est un des signes de leurs fonctions. Jadis, quand les prélats italiens ne timbraient pas leur écu de la mitre ou ne le posaient pas sur la crosse, c’est sur la croix qu’ils le plaçaient. Mgr Barbier cite un exemple remontant à 1458. L’usage ne se généralisa en France que plus tard ; le sceau de Mgr Laurens, archevêque d’Arles en 1619, est le premier en date qu’indique Mgr Battandier. De nos jours, et non sans raison, plusieurs évêques suppriment la couronne (d'où assez souvent émergeait la croix) et posent la croix droite (en pal) sous l’écu.

La croix simple et la croix archiépiscopale ne sont usitées que comme insigne et attribut héraldiques. Elles peuvent figurer dans les armoiries des archevêques et évêques titulaires « parce qu’ils ont radicalement le pouvoir pastoral, bien que le pape ne leur ait pas assigné un lieu nullius pour pouvoir l’exercer »[1].

En droit strict, un protonotaire ne peut prendre une croix comme ornement extérieur de son écusson. Quelques-uns l’ont fait, et le font. Ils n’ont pas — je me le suis laissé dire — l’approbation de la Congrégation de la Cérémoniale. « Mgr de Ségur, auditeur de Rote, a timbré son blason d’une croix d’or, en qualité de sous-diacre apostolique et de crucifère du Pape, mais ceci ne constitue qu’une exception. » (Barbier). Je me souviens avoir lu dans la vie de ce prélat, qui ne put être sacré à cause de sa vue, qu’il fut l’objet de faveurs absolument exceptionnelles, voulues par Pie IX et pour ne pas être différencié des autres chanoines de premier ordre de Saint-Denis.

§ 7. Pallium

« Le pallium pontifical, dans l’Eglise latine, est un ornement ecclésiastique pris du corps de saint Pierre, et accordé par le Pontife romain aux évêques

  1. a et b Communications de Mgr Battandier.