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suivi de près la marche du mouvement intellectuel. Et des femmes de l’aristocratie sont entraînées, pas- sent à l’opposition : la comtesse d’Egmont, Mmes de la Marck, de Boufflers, de Brienne, de Mesmes, de Luxembourg, de Croy. « Un souffle d’humanité en même temps que de liberté, dit Taine[1], a pénétré dans les cœurs féminins. Elles s’intéressent aux pauvres, aux petits, au peuple… » Mme Necker[2], mère de Mme de Staël et femme du célèbre banquier genevois, ministre des finances sous Louis XVI, écrit un livre, remarquable pour l’époque, sur l’assistance aux maladeş[3], dans lequel elle décrit l’état déplorable des hôpitaux et en demande la réforme. C’est elle du reste qui, en 1778, fonda l’hôpital Necker.

La femme du peuple reste, il est vrai, comme l’homme son compagnon, ignorante de toutes les grandes questions qui agitent le monde des penseurs. C’est un pauvre être accablé sous le double poids de sa misère et de son sexe. Cependant, malgré celte apparente indifférence, comme elle a connu toutes les injustices, ressenti toutes les douleurs, lorsque la Révolution éclate, elle comprend d’intuition ; elle est prête à soutenir l’homme et le soutient en effet aux heures où les plus courageux voudraient capituler. On voit même celles que les idées nouvelles n’ont pas encore pénétrées, celles qui, comme les dames de la Halle, resteront les dernières fidèles à l’idée roya-

  1. L’ancien régime, p. 387.
  2. Née en 1739, morte en 1794.
  3. Hospices de charité, leurs institutions, règles et usages.