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Le temps de la chevalerie est arrivé : on part en guerre au cri de : Pour Dieu, pour le Roi, pour « Madame ». Des femmes obtiennent de gouverner des fiefs et l’on voit certaines d’entre elles marcher en tête des régiments exigés par le Roi. Déjà, même au ixe siècle, l’influence de certaines femmes était assez grande pour que le Synode de Nantes tenu en 845 s’élevât violemment contre leurs prétentions et dît « qu’il est étonnant que plusieurs femmes, au mépris des lois divines et humaines, aient la prétention de se montrer le front haut dans les assemblées de justice et de se mêler des affaires politiques où elles portent le trouble sous prétexte de gouverner »[1].

Le pape Innocent III est amené à reconnaître le droit de suzeraineté d’Eléonore de Guyenne.

À une assemblée tenue à Marcheville près de Patay, le 15 février 1394, devant le tabellion de Chartres, le peuple apportait ses réclamations par l’entremise de trente-trois habitants dont quatre veuves ; ces dernières, dit assez drôlement le manifeste, « comme la plus grande et la plus saine portion des habitants et manants de Marcheville. »

À Metz, en 1409, un abbé de Gorge cède son droit politique d’élection à une femme ou du moins s’oblige politiquement vis-à-vis d’elle[2].

En 1576, trente-deux veuves siégeaient aux États de Franche-Comté.

  1. Le Roux de Lincy. Les Femmes célèbres de l’ancienne France, page 381.
  2. Histoire de Metz, t. IV, p. 661-750.