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Combien, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, la brutalité à l’égard de la femme était chose normale. Saint-Augustin en témoigne dans ses Confessions : lorsque des amies de sa mère venaient se plaindre à elle des coups reçus de leurs époux, Sainte-Monique, au lieu de s’indigner et de les plaindre, trouvait cela tout naturel et jugeait qu’elles avaient dû mériter cette correction en répondant à leurs maris ou en leur manquant de respect.

Après les philosophes qui avaient traité la femme « de fléau pire que la vipère », le catholicisme tout-puissant l’appelle la source du mal, l’auteur du péché, la pierre du tombeau, la porte de l’enfer, la fatalité des misères, et Tertullien s’écrie : « Femme, tu devrais toujours être couverte de deuil et de haillons, n’offrant aux regards qu’une pénitente noyée dans les larmes. »

La société barbare qui succède au monde gréco-romain la veut soumise également.

Ce ne sera que sous le régime féodal, en même temps qu’apparaîtra le culte de Marie, la Vierge Mère, qu’elle jouira de quelques privilèges.

Lorsque les croisades s’organisent, la châtelaine restée seule au logis pendant que son époux guerroie au loin, doit remplacer l’absent, et souvent, au besoin, défendre les droits et biens de son seigneur et maître. De cette situation découle pour elle un semblant d’indépendance.

La femme n’est plus seulement la femelle que l’on conquiert par la violence ; elle devient la dame que l’on gagne par « doux parler » ou « hauts failts d’armes ».