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Et, plus tard, l’Église, oublieuse des paroles du Christ qui avait dit : « Il n’y a plus ni maîtres ni esclaves, ni hommes ni femmes, ni juifs ni gentils, mais vous êtes tous frères », l’Église oublie de relever sa condition.

Les Pères de l’Église s’élèvent contre le vice effréné qui s’étale partout. Mais, n’osant s’attaquer directement à l’homme, maître du pouvoir, c’est à la femme qu’ils s’en prennent. Elle est pour eux la bête de luxure ; ils la dénoncent au mépris public, et, dépassant le but, ils enseignent, par horreur d’elle, le renoncement aux plaisirs légitimes.

Par une étrange aberration, ces hommes, qui avaient pour la plupart abusé des plaisirs de l’amour, et que remplissait le souvenir d’une jeunesse orageuse, c’est à la femme qu’ils font porter tout le poids de l’infamie qu’ils croient inhérente aux instincts naturels.

Pour l’Église, elle devient le suppôt de Satan ; elle est l’Impure, celle qui a perdu l’humanité. Le droit canonique déclare que l’homme seul a été créé à l’image de Dieu et « qu’en conséquence, la femme doit être la subordonnée de l’homme, presque son esclave ». Développant ce principe, l’Église va plus loin encore : au Concile de Mâcon en 581, la question est posée de savoir si la femme a une âme et fait partie de l’humanité.

Empressons-nous d’ajouter, à l’honneur des membres de la docte assemblée, que la question, après un long et tumultueux débat, fut résolue par l’affirmative, — à une faible majorité il est vrai.