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Personne, — ou presque, — ne cherche à tirer de ces faits des conclusions générales en faveur de l’émancipation ou de l’intellect féminins. Et sans que les gynécocraties qui existèrent en Asie mineure[1], le matriarcat conjectural des civilisations gréco-romaines, ou, plus près de nous, la situation prépondérante de la femme constatée par des voyageurs aux xvii- siècle, xviii- siècle,xix- siècle dans certaines tribus d’Amérique[2] puissent être évoqués comme une preuve du contraire, on peut affirmer que la femme fut, dès les temps les plus reculés, mise en état d’infériorité et assujettie à la volonté de l’homme.

Lorsque l’humanité, à peine sortie de la sauvagerie, essaie de s’organiser, le mâle, habitué à ne respecter que la force brutale, regarde avec dédain celle que, à cause de sa faiblesse, des fonctions même de son sexe, ses ancêtres avaient déjà méprisée, et le rang qu’il lui assigne est celui d’une esclave. Ensuite, quand, réunis en tribus, les hommes élaborent la conception primitive de la famille, la femme toujours envisagée comme une inférieure, perd en liberté le peu qu’elle gagne en respect. Les mots : père, époux, synthétisent la toute-puissance ; enfant, femme sont synonymes d’esclave.

Plus tard encore, lorsqu’apparaît la notion des pouvoirs publics, le droit consacre la subordination de

  1. Kabdjak. Post-Sludium zur Entwickelung Geschichte der Familiemrecht.
  2. Paul de Rouzeri. Les Hurons et les Iroquois. « Science Sociale », 5e année, tome X.