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Longtemps ridiculisé, secondé seulement, comme toute idée nouvelle, par une infime minorité, l’effort des femmes vers plus de justice, vers plus d’indépendance, semble aujourd’hui, après un siècle de lutte, assez près d’aboutir. Le féminisme, ordinairement, ne provoque plus le sourire.

Ce ne sont plus d’ailleurs, comme autrefois, quelques audacieuses, rares unités perdues au milieu de la masse indifférente des autres femmes, qui seules réclament leur droit à la vie intégrale. Partout, au nord comme au midi, au ponant comme à l’orient, on voit les femmes devenues attentives aux transformations qui se produisent autour d’elles, se lever, protester contre l’état d’infériorité dans lequel elles ont été tenues jusqu’ici.

Qu’on y applaudisse ou qu’on le regrette, la marche en avant du féminisme est un fait que nul ne peut nier, un mouvement qu’aucune force ne pourra enrayer désormais.

La femme, dédaignée et inutilisée dans le passé en tant qu’élément social et politique, devient, par sa volonté d’être, un facteur avec lequel il faudra compter et dont la puissance morale ira grandissant au fur et à mesure que se développera en elle, par l’instruction, le sentiment de sa personnalité.

Vouloir prétendre que jusqu’au jour où les premières revendicatrices firent entendre leur voix, les femmes n’eurent aucune influence dans la famille ou sur la destinée des peuples, serait faire preuve d’une étrange ignorance. Dès la plus haute antiquité, on voit certai-