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Ce n’est que dans la liberté, dans la pleine et absolue liberté que les individus peuvent prendre conscience de la beauté, de l’utilité, et, partant, de la nécessité de règles sociales.

La pleine et absolue liberté ! Des philosophes souriront, à ce mot. Et sans doute la liberté n’est-elle qu’une possibilité de se déterminer pour tel ou tel choix, telle ou telle acceptation, encore que les motifs de ce choix ou de cette acceptation soient eux-mêmes fatalement déterminés. N’importe, qui dit choix, dit libre examen, — dit liberté.

La contrainte catholique, ou la masse abdique tout exercice de la raison, a causé infiniment plus d’hypocrisies et de vices qu’elle n’a suscité de vertus. Notre morale sexuelle tout entière est gangrenée, dans son principe, par ce virus. L’antique abus de la force, la méprisante domination d’un seul y sévissent à plein.

Le mariage, la famille, la société, — telle qu’actuellement fonctionne, au détriment de « la plus faible » cette trinité de geôles, — c’est le vaste champ clos où de plus en plus, — avec les découvertes de la science, avec une conception renouvelée de la morale sexuelle, avec l’avènement de notre compagne au partage de toutes les justes prérogatives, y compris le vote, — entreront l’air pur, la santé, la vie.

Esclave ou maîtresse, tels ont été, trop longtemps, les deux masques sous lesquels l’homme des siècles s’est à lui-même voilé le vrai visage de la femme.

Mais tous les jours s’accroît le nombre de ceux qui comprennent qu’elle ne cessera d’être l’ennemie