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AIS — AIS

autrefois : on les couvroit de plâtre. Mais on ne s’en ſert aujourd’hui que pour les chambres en galetas, parce que dans les appartemens, les Ais étant ſujets à ſe fendre ou gercer, la pouſſiere les pénétre & s’y loge aiſément. C’eſt ce qu’on évite en ſubſtituant aux Ais des lattes que l’on ourdit de plâtre deſſus ou deſſous. Cela évite un inconvénient & donne jour à deux autres d’une plus grande conſéquence. Premierement en plafonnant les chambres on ruine les planchers. En ſecond lieu, les Charpentiers, au lieu de bon bois, peuvent aiſément faire uſage de très-mauvais bois verd rempli de flaſques, & de bois blanc, tel que l’aubier. Auſſi nos planchers ſont bientôt affaiſſés & de peu de durée ; au lieu qu’on voit preſque tous les planchers des Bâtimens des derniers ſiécles ſubſiſter ſans affaiſſement, le bois étant apparent, ayant une portée ſuffiſante, étant bien équarri, quarderonné ſur les arêtes & les entrevoux, garni d’Ais bien dreſſés & corroyés, ornés de Peintures & Sculptures, ainſi que ſont ceux de la grande galerie du Luxembourg à Paris.

Les Ais les plus épais, qui s’employent pour les trapes & autres ouvrages, ont deux pouces d’épaiſſeur. Les autres ſont appellés Planches.

Ais de bateau. Ce ſont des planches de chêne ou de ſapin, qu’on tire des débris de bateaux déchirés, & qui ſervent à faire des cloiſons légères lambriſſées de plâtre des deux côtés, pour empêcher le bruit & le vent, & pour ménager la place & la charge dans les lieux qui ont peu de hauteur de plancher. (Voyez encore tout l’article Cloison.)

Ais d’Entrevoux. Voyez Ais.

AISANCE, ſ. f. Lieu commun ou de commodité, ordinairement au rez de chauſſée, ou auprès d’une garde-robe, ou au haut d’un eſcalier. Dans les maiſons ordinaires elle ſe pratique dans les angles de l’eſcalier. Mais dans les Hôtels & les Maiſons de diſtinction, elles ſont dans les petits eſcaliers & jamais dans les grands. Dans les Maiſons Religieuſes & les Communautés, les Aiſances ſont partagées en pluſieurs petits cabinets de ſuite, avec une culiere de pierre percée pour la décharge des urines. Elles doivent être carrelées, pavées de pierre, ou revêtues de plomb, & en pente du côté du ſiége, avec un petit ruiſſeau pour l’écoulement des eaux dans la chauſſée percée au bas de la devanture. Il y a, pour plus de propreté, une auge ou culiere de pierre ou de plomb à hauteur du ſiége, pour y pouvoir uriner ſans ſalir la lunette.

Dans les Bâtimens modernes les Aiſances ſont dans les garde-robes où elles tiennent lieu de chaiſes percées. Elles ſont très-propres. Leur forme eſt une banquette, dont le lambris ſe léve & cache la lunette. La chauſſe d’aiſance eſt fort large, & deſcend juſques à l’eau pour empêcher la mauvaiſe odeur. On y pratique de larges ventouſes. Le boiſſeau, qui tient à la lunette, eſt en forme d’entonnoir renverſé, & ſoutenu par un cercle de cuivre à feuillure, dans lequel s’ajuſte une ſoupape de cuivre, qui s’ouvre & ſe ferme en levant & fermant le lambris de deſſus ; ce qui empêche la communication de la mauvaiſe odeur. On pratique dans quelque coin de ces lieux, ou dans les entreſols d’au-deſſus, un petit réſervoir d’eau d’où l’on amene une conduite, ſous laquelle l’on en branche une, qui vient s’ajuſter au-deſſus de la ſoupape ; & au moyen du robinet, on lave les urines qui pourroient s’être attachées au boiſſeau & à la ſoupape. Il y a encore une autre conduite, qui vient s’ajuſter auſſi dans le boiſſeau. A ſon extrêmité eſt un robinet ployant, qui ſe tire au moyen d’un regiſtre, vers le milieu du boiſſeau : ce qui ſert à ſe laver ou à l’eau chaude, ou à l’eau froide ſuivant ſon choix. Les robinets s’appellent flageolets. A Paris, aux Hôtels de Talamon, de Villars, de Villeroi, les Aiſances ſont de marbre & de pierre de liais, revêtue de menuiſerie ou de marqueterie, ornée de bronze.

AISSELIER, ſ. f. Terme de Charpenterie. C’eſt le nom d’une piéce de bois ou droite ou courbe, terminée par deux tenons, dont l’un a ſa mortaiſe dans une de deux piéces de bois aſſemblées, de maniere qu’elles forment un angle à l’endroit de leur aſſemblage, & donc l’autre tenon a ſa mortaiſe dans l’autre de ces deux piéces

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