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DISCOURS PRELIMINAIRE

renvoyoit à ce Cours à chaque article ; auſſi fut-elle publiée ſous ce titre : Explication des termes d’Architecture. L’auteur y joignit en même tems ceux de Géométrie, de Méchanique, de Deſſein, de Peinture, de ſculpture, &c. Mais cette partie de ſon travail n’eſt pas la plus eſtimable ; & quoique les intentions de M. d’Aviler fuſſent très-pures, il paroît que par cette addition il avoit principalement en vûe de réunir aſſez de matières pour former un volume. Ce qui dépare ſur-tout ces derniers articles, c’eſt la ſupériorité de ceux d’Architecture, qui forment le corps de ſon Explication : c’eſt ici qu’on reconnoît le mérite de ce ſçavant Architecte. Ce ſont par-tout des définitions aſſez préciſes, confirmées ou éclaircies par des citations qui décèlent une connoiſſance précieuſe des plus beaux morceaux d’Architecture qu’on voit en Europe. Une choſe importante manque néanmoins dans ces détails : c’eſt l’ordre qui n’y eſt pas toujours ſcrupuleuſement obſervée ; M. d’Aviler en convient, & cet aveu donne un nouveau luſtre à ſon mérite. « Les matières, dit-il, ne ſont pas rangées autant de ſuite qu’on l’eût pu faire ſur le plan d’un projet régulier ; je puis dire avec vérité que je ne les ai traitées qu’à meſure qu’elles ſe ſont offertes à mon idée & que le tems me l’a pû permettre : ce que j’eſpère pourtant rectifier à l’avenir, ſi mon travail donne quelque ſatiſfaction à ceux qui prendront la peine de le regarder ſans entêtement, & ſeulement pour en profiter. Ainſi, dans cette confuſion, je m’eſtimerai heureux, &c. »

Ainſi parle M. d’Aviler, à la page 392 de ſon Cours d’Architecture (c’eſt la 8e de l’Explication) de l’édition de 1720. Et dans l’édition qu’on en a donnée en 1750, page 1. on lit : « Quelque favorables que fuſſent pour lui les ſuffrages du public, il examina de nouveau ſon ouvrage avec l’attention la plus ſcrupuleuſe, & ayant reconnu qu’on pouvoit lui reprocher d’avoir touché trop légèrement quelques parties de l’art, & d’en avoir obmis pluſieurs ſur leſquelles il étoit important de s’expliquer, il ſe diſpoſa à donner une nouvelle édition de ſon livre, qui, ſuivant ſon projet, devoit être conſidérablement augmentée. »

M. d’Aviler mourut (en 1700) dans le tems qu’il travailloit à mettre ce projet à exécution. En 1710, M. Alexandre Le Blond, Architecte du Czar Pierre le Grand, & qui tient à tant de titres un rang diſtingué parmi les plus habiles Architectes, voulut remplir les vues de cet auteur. « On lui remit, dit-on à la page 2, en particulier ſon exemplaire du Dictionnaire des termes d’Architecture (c’eſt l’Explication dont nous avons parlé), qui étoit déjà beaucoup travaillé : les marges en étoient chargées d’un grand nombre de corrections importantes, & le texte augmenté d’une infinité de termes de l’art, qui avoient échappé aux premières recherches de l’auteur. Le ſieur Le Blond eut ſoin de mettre chaque article à ſa place ; il ſupprima ce qu’il crut être trop éloigné du ſujet, enrichir ce Dictionnaire de pluſieurs termes qui y manquoient, & mit enfin cet ouvrage en état de voir le jour. »

Après un compte ſi exact du travail de M. Le Blond, il eſt très-étonnant