Page:Aviler - Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
CHE — CHE

le Cours d’Architecture de d’Aviler, Edit. 1750. & dans le ſecond tome de la diſtribution des maiſons de plaiſance, & de la décoration des édifices en général, &c. Par M. Jacques-François Blondel.

Des Sçavans penſent que les Anciens ne connoiſſoient point les Cheminées, & qu’ils échauffoient leurs chambres avec des poêles, ou avec une eſpece de charbon de terre, qui brûloit ſans faire de fumée, & que Suetone appelle Miſeni carbones. D’autres Hiſtoriens croyent que les Anciens ſe ſervoient de Cheminées dans leur cuiſine. Mais Octavius Ferrarius veut que l’uſage des Cheminées fut abſolument univerſel dans les maiſons, tant pour faire la cuiſine que pour ſe chauffer. En effet Ariſtophane, dans une Comédie, introduit le vieillard Policleon, enfermé dans une chambre, d’où il tâche de ſe ſauver par la Cheminée. On lit encore dans Virgile,

Et jam ſumma procul villarum culmina fumant ;

Dans Horace,

Diſſolve frigus, ligna ſuper foce
Largè reponens.

Et dans les Lettres de Ciceron à Atticus : Camino luculento tibi utendum cenſeo. Il eſt vrai que les Anciens avoient des fourneaux pour échauffer leurs chambres, & qu’ils avoient auſſi des poêles ; mais cela n’empêche pas qu’ils ne puſſent bien avoir auſſi des Cheminées : ce qui peut concilier les deux ſentimens.

Le mot de Cheminée vient du latin Caminus fait du grec Kaminos, qui a la même ſignification.

Cheminée adoſſée. C’eſt une Cheminée qui eſt poſée contre un mur, ou contre le tuyau d’une autre Cheminée.

Cheminée affleurée. Cheminée dont l’âtre & le tuyau ſont pris dans l’épaiſſeur du mur, & dont l’Architecture du manteau eſt en ſaillie, comme celle du Palais Farnèſe. Scamozzi la nomme Cheminée à la Romaine.

Cheminée a l’Angloiſe. Petite Cheminée à trois pans par ſon plan, & fermée en anſe de panier.

Cheminée angulaire. C’eſt une Cheminée dont le plan eſt circulaire, & qui eſt ſituée dans l’angle d’une chambre, comme on en voit en quelques villes du Nord.

Cheminée de cuiſine. C’eſt une Cheminée qui n’a qu’une hotte, le plus ſouvent ſans jambages.

Cheminée en hotte. Cheminée dont le manteau fort large par le bas, & en figure pyramidale, eſt porté en ſaillie par des courges & corbeaux de pierre, comme les Cheminées anciennes, & celle de la Grand-Chambre du Parlement de Paris.

Cheminée en ſaillie. C’eſt une Cheminée dont le contrecœur affleure le nud d’un mur, & dont le manteau eſt en dehors.

Cheminée iſolée. Cheminée placée au milieu d’un chauffoir, qui ne conſiſte qu’en une hotte ſoutenue en l’air par des ſoupentes de fer, ou portée par quatre colonnes, comme les Anciens le pratiquoient. Il y a une Cheminée de cette eſpece à Bayes, près de Naples.

On appelle encore Cheminée iſolée a celle qui, étant adoſſée contre une cloiſon, laiſſe un eſpace entre le contre-cœur & les poteaux, par crainte du feu.

CHENAL, ſ. m. Terme d’Architecture hydraulique. C’eſt ainſi qu’on nomme la partie compriſe entre les laiſſes de haute & de baſſe mer, des vives eaux ordinaires. (Voyez l’Architecture hydraulique de M. Belidor, tom. 3. liv. ii. ch. ii.)

CHENIL, ſ. m. C’eſt un grand bâtiment qui confite en pluſieurs cours, ſalles & chambres, deſtiné à loger les officiers de la vénerie, les valets & leurs meutes de chiens de chaſſe, comme celui de Verſailles. Ceci eſt dit en général ; car le mot de Chenil eſt le nom particulier des ſalles baſſes où couchent les chiens, & il vient du latin Canile, dérivé de Canis, chien.

CHERCHE ou CERCHE, ſ. f. Ce terme dérivé de l’Italien Cerchio, ſignifie un cercle. C’eſt le trait d’un arc ſurbaiſſé ou rampant, ou de quelqu’autre figure, tracé par des points cherchés. On donne auſſi ce nom à la planche chantournée avec laquelle on la trace.

Cherche ralongée. C’eſt la ligne d’un plan circulaire, ralongée dans ſon élévation, comme par exemple, le rampant d’un eſcalier.