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CAR — CAR

Ces Carrefours ſe font circulaires ou quarrés : mais dans ce dernier cas, on en retranche les encoignures, ce qui les aggrandit conſidérablement, & leur donne plus de grace.

CARRELAGE, ſ. m. Nom général qu’on donne à tout ouvrage fait de carreau de terre cuite, de pierre, ou de marbre.

CARRELER, v. act. C’eſt paver de carreau avec du plâtre, mêlé de pouſſiere de recoupes de pierres.

CARRELEUR, ſ. m. Nom qu’on donne & au Maître qui entreprend le carrelage, & au Compagnon ou Ouvrier qui le poſe.

CARRIERE, ſ. f. Lieu creuſé ſous terre, d’où l’on tire la pierre pour bâtir, ou par un puits, comme aux environs de Paris, ou de plain pied le long de la côte d’une montagne, comme à Saint-Leu, Trocy, Mallet, &c. Les Carrieres d’où l’on tire le marbre, ſont appellées Marbrieres ; celles d’où l’on tire la pierre, Pierrieres, & celles d’ardoiſe, Ardoiſieres, & quelquefois Pierrieres, comme en Anjou. Le mot Carriere vient, ſelon M. Menage, du latin Quadraria ou Quadrataria, fait de Quadratus lapis ; pierre de taille.

Carriere de Manege. Eſpece d’allée longue & étroite, bordée de lices ou barrieres, & ſablée, qui ſert pour les courſes de bagues. Ce mot peut venir du latin currere, courir.

Dans les cirques anciens, on nommoit Carriere, le chemin que dévoient faire les biges & les quadriges, c’eſt-à-dire des chariots attelés de deux ou de quatre chevaux qu’on faiſoit courir à toute bride juſques aux bornes de la ſtade, pour remporter le prix.

CARRIERS, ſ. m. pl. C’eſt ainſi qu’on appelle les Marchands de pierre, & les Ouvriers qui la coupent & la tirent de la carriere.

CARTON, ſ. m. Contour chantourné ſur une feuille de carton ou de fer-blanc, pour tracer les profils des corniches, & pour lever les panneaux de deſſus l’épure.

Carton de peintre. Terme de décoration. C’eſt le deſſein qu’un Peintre fait ſur du fort papier, pour calquer le trait d’un tableau ſur un enduit frais, avant que de le peindre à freſque. C’eſt auſſi le deſſein coloré qui ſert pour travailler la moſaïque.

CARTOUCHE, ſ. m. Ornement de Sculpture de pierre, de marbre, de bois, de plâtre, &c. en maniere de table avec enroulemens, dans lequel on met des armoiries, une inſcription, ou des bas-reliefs, pour la décoration extérieure & intérieure des Egliſes. Ce mot vient de l’Italien Cartocio, qui ſignifie la même choſe.

On appelle petits Cartouches ou Cartels, ceux qui ſervent dans la décoration des friſes ou panneaux de menuiſerie, & généralement ceux qu’on employé dans les bordures des tableaux, aux couronnemens des deſſus de cheminées & aux pilaſtres.

Cartouche. Terme de Jardinage. Ornement régulier en forme de tableau avec des enroulemens, qui ſe répète ſouvent aux deux côtés ou aux quatre coins d’un parterre. Dans ce dernier cas, on remplit le milieu du parterre d’une coquille de gazon, ou d’un fleuron de broderie.

CARIATIDES, ſ. f. pl. Mot dérivé du grec Kariatides, peuple de Carie. Ce ſont des figures de femmes, ſans bras, vêtues décemment, qui ſervent à la place des colonnes, pour porter les entablemens, comme celles de la ſalle des Suiſſes, & du gros pavillon du Louvre. Telle eſt, ſelon Vitruve, l’origine de cette colonne. Dans une guerre entre les peuples de la Grèce & ceux de Perſe, les habitans de Carie, ville du Peloponeſe, prirent parti en faveur des Perſes ; & comme ceux-ci furent vaincus, ils furent enveloppés dans la défaite. Les Grecs vainqueurs des Perſes voulurent ſe venger des Cariens pour le ſecours qu’ils avoient donné à leurs ennemis. Ils les attaquerent, prirent leur ville, & paſſerent tous les hommes au fil de l’épée. Les femmes furent emmenées captives, ſans diſtinction d’état. Celles de la plus haute condition parurent même dans cet état humiliant, & confondues avec les autres. Enfin pour laiſſer à la poſtérité des marques de leur vengeance, les Architectes Grecs mirent au lieu de colonnes la figure des Cariennes ou

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