Page:Aviler - Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
CAN — CAN

parler, Canal qui joint les deux mers, & qui projetté ſous François I. ſous Henri IV. & ſous Louis XIII. a été enfin entrepris & achevé ſous Louis le Grand. Un réſervoir de quatre mille pas de circonférence, & de quatre-vingt pieds de profondeur qui reçoit les eaux de la montagne noire, forme l’ouverture de ce Canal. Ces eaux deſcendent à Naurouſe dans un baſſin revêtu de pierre de taille, de deux cens toiſes de longueur, & de cent cinquante de largeur. Là elles ſe partagent & ſe diſtribuent à droite & à gauche dans un Canal de ſoixante & quatre lieues de long, où ſe jettent pluſieurs petites rivieres, ſoutenues d’eſpace en eſpace de cent quatre écluſes. De ces écluſes, huit, qui ſont proche de Beziers, forment une magnifique caſcade de cent cinquante-ſix toiſes de long ſur onze toiſes de pente ; & l’art avec lequel le Canal eſt conduit étonne l’imagination la plus vaſte & la plus hardie. Ici ce ſont des aqueducs & des ponts d’une hauteur incroyable, qui, entre leurs arches, donnent paſſage à d’autres rivieres. Ailleurs le roc eſt coupé tantôt à découvert, tantôt en voûte ſur la longueur de plus de mille pas. C’eſt ainſi que ce Canal ſe ſoutient depuis la Garonne où il commence, en traverſant deux fois l’Aude, & paſſant entre Agde & Beziers, juſques au grand lac de Tau, dont l’étendue atteint le port de Cette. Pour terminer cette deſcription, il faudroit peut-être expliquer le méchaniſme & le jeu des écluſes, afin de faire monter & deſcendre un bâtiment de mer d’une portion de Canal dans une autre : mais ce n’eſt pas là le ſeul défaut que nous reconnoiſſions dans notre deſcription. Ne pouvant faire uſage des figures, nous ſommes forcés de nous borner à donner une idée fort générale du Canal de Languedoc, plutôt qu’une deſcription même informe. (V. encore Sas.)

Canal. Terme de Jardinage. Piece d’eau fort longue, revêtue de gazon ou de pierre, qu’on pratique, ou pour l’ornement, ou pour la clôture d’un jardin. On met ordinairement dans cette piece d’eau des cignes & des poiſſons, tels que la perche, la tanche, le gardon & le brocheton : mais alors on la cure tous les dix ans.

Canal en caſcade. Terme de Jardinage. C’eſt un Canal interrompu par pluſieurs chûtes, qui ſuivent l’inégalité du terrein. Il y en a à Fontainebleau, à Marli, au château d’eau à Verſailles, & dans les jardins de Couvances.

Canal de larmier. C’eſt le plafond creuſé d’une corniche, qui fait la mouchette pendante.

Canal de volute. C’eſt dans la volute Ionique, la face des circonvolutions renfermée par un liſtel.

CANAUX, ſ. m. pl. Eſpeces de cannelures ſur une face ou ſous un larmier, qu’on nomme auſſi portiques, & qui ſont quelquefois remplies de roſeaux ou fleurons.

On entend encore par Canaux, les cavités droites ou torſes, dont on orne les tigettes des caulicoles d’un chapiteau.

Canaux de triglyphe. Voy. Triglyphe.

Canaux ſouterreins. Terme d’Architecture hydraulique. Ce ſont des aqueducs bâtis ſous terre, qui ſervent à conduire les eaux. (Voyez Aqueduc.)

CANDELABRE, ſ. m. Mot tiré du latin Candelabrum, chandelier. C’eſt une eſpece de vaſe fort élevé, en maniere de grand baluſtre, qu’on met pour amortiſſement à l’entour d’un dôme, ou dont on couronne le portail d’une Egliſe, tels qu’il y en a au Val-de-Grace, à la Sorbonne, aux Invalides, &c.

CANIVEAUX, ſ. m. pl. Ce ſont les plus gros pavés, qui étant aſſis alternativement avec les contre-jumelles, traverſent le milieu du ruiſſeau d’une rue, dans laquelle paſſent les charrois.

CANNE, ſ. f. meſure Romaine, compoſée de dix palmes, qui ſont ſix pieds, onze pouces de Roi.

CANNES. Eſpeces de grands roſeaux, dont on ſe ſert en Italie & au Levant, au lieu de doſſes, pour garnir les travées entre les ceintres, dans la conſtruction des voûtes.

CANNELER, v. act. C’eſt creuſer des cannelures aux fuſts des colonnes, pilaſtres, gaines de termes, conſoles, &c.

CANNELURES, ſ. f. pl. Ce ſont à l’entour du fuſt d’une colonne, des cavités à

plomb,