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mécanicien, théologien, poëte, grammairien, médecin, apothicaire, musicien, comédien qui est à la tête des juges de l’Encyclopédie ? Il me semble que je vois l’inquisition condamnant Galilée. »

Palissot ayant envoyé sa pièce à Voltaire le 28 mai, reçut le 4 juin, au lieu de remerciements, une lettre qui contenait les reproches les plus véhéments. « Je suis des premiers qui aient employé fréquemment ce vilain mot d’humanité, contre lequel vous faites une si brave sortie dans votre comédie. Si après cela on ne peut pas m’accorder le nom de philosophe, c’est l’injustice du monde la plus criante..... Faites votre examen de conscience et voyez si vous êtes juste en représentant MM. d’Alembert, Duclos, Diderot, Helvétius, le chevalier de Jaucourt et tutti quanti, comme des marauds qui enseignent à voler dans la poche… S’ils étaient tels que vous les représentez, il faudrait les envoyer aux galères, ce qui n’entre point du tout dans le genre comique. Je vous parle net ; ceux que vous voulez déshonorer passent pour les plus honnêtes gens du monde ; et je ne sais même si leur probité n’est pas encore supérieure à leur philosophie..... Sans avoir jamais vu M. Diderot, sans trouver le Père de famille plaisant, j’ai toujours respecté ses profondes connaissances ; et à la tête de ce Père de famille, il y a une épître à madame la princesse de Nassau qui m’a paru le chef-d’œuvre de l’éloquence et le triomphe de l’humanité ; passez-moi le mot… »

L’émotion causée par la pièce de Palissot s’était bientôt calmée. À la fin du mois d’octobre, Diderot