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Langres, afin de régler ses affaires de famille et d’amener un rapprochement entre son frère et sa sœur qui ne pouvaient s’entendre. « Je suis comme l’huile qui empêche ces machines raboteuses de crier lorsqu’elles viennent à se toucher, écrit-il de Langres. Mais qui est-ce qui adoucira leurs mouvements quand je ne serai plus ici[1] ? »

Les trois enfants du père Diderot étant très-désintéressés, l’héritage paternel fut très-vite partagé, et sans réclamation. Il consistait en 50,000 fr. en contrat, 10,000 fr. en récolte, une maison à la ville, deux jolies chaumières à la campagne, des vignes, des marchandises, quelques créances et un mobilier tel à peu près qu’il convenait à un artisan aisé, en tout à peu près 200,000 fr., qui furent répartis « comme on ferait 200 liards ; cela n’a pas duré un demi quart d’heure[2]. »

Après un mois environ de séjour à Langres, Diderot quitta sa ville natale en faisant promettre à son frère et à sa sœur de le constituer juge de leur démêlés ; « et l’abbé qui a lieu, m’a-t-il dit, de compter plus encore sur mon équité que sur mon affection, m’a accepté pour médiateur. Il a eu tort de dire comme cela, car en vérité il n’y a pas un homme de sa robe que j’estime plus que lui..... Il eût été bon ami, bon frère, si le Christ ne lui eût ordonné de fouler aux pieds toutes ces misères-là[3]. »

  1. Lettre à mademoiselle Voland, 31 juillet 1759.
  2. Lettre à mademoiselle Voland, 14 août 1759.
  3. Madame de Vandeul, dans ses Mémoires, s’exprime ainsi