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chait y était moins défini et plutôt mondain que philosophique.

Au premier rang de ces maisons secondaires, il faut citer celle de madame Geoffrin. À la mort de madame de Tencin, « la belle et scélérate chanoinesse, » comme l’appelle Diderot[1], sa société s’était jointe à celle qu’avait déjà formée madame Geoffrin, « assez riche, dit Marmontel, pour faire de sa maison le rendez-vous des lettres et des arts » et voyant que c’était pour elle un moyen de se donner dans sa vieillesse une amusante société et une existence honorable, madame Geoffrin avait fondé chez elle deux dîners : l’un, le lundi, pour les artistes, parmi lesquels il faut citer les deux Vanloo, Carle et Michel, Vernet, Boucher, Latour, Lemoyne ; et l’autre, le mercredi, pour les gens de lettres où se rencontraient d’Alembert, Galiani, l’abbé Raynal, Morellet, Helvétius, Saint-Lambert, etc., et quelquefois Diderot, quand l’absence de Sophie lui laissait du temps à consacrer à ses amis, ou lorsqu’il n’allait pas chez le baron. On verra que la plupart des habitués de madame Geoffrin étaient aussi reçus chez madame d’Holbach ; souvent même, les deux salons n’en faisaient qu’un. D’Alembert, toutefois, qui s’était toujours

  1. Dans le Rêve de d’Alembert. On trouve dans les Lettres de mademoiselle Aïssé à madame Calendrini, la note suivante de la main de Voltaire : « Vers le milieu de l’année 1728, la Frenaye amant de madame de Tencin, qui, dit-on, l’avait ruiné, se tua dans son cabinet. Il disait dans son testament que s’il mourait de mort violente, c’était elle qu’on devait en accuser. Elle fut mise au Châtelet d’où elle sortit justifiée. »