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du christianisme, que je professe dans toute la rigueur de ses dogmes et de sa morale, et auquel je fais gloire de soumettre toutes mes pensées, toutes mes opinions et toutes les facultés de mon être, certain que tout ce qui n’est pas conforme à son esprit ne peut l’être à la vérité. Voilà mes véritables sentiments. J’ai vécu, je vivrai et je mourrai avec eux. » Pour comble d’humiliation, on exigea de lui, à la sollicitation du clergé, une troisième rétractation, qu’il dut déposer lui-même entre les mains de l’avocat général Joly de Fleury. Le magistrat reçut cette rétractation, le 22 janvier 1759, et prononça le lendemain son réquisitoire. Un arrêt du Parlement, rendu le 6 février, fit brûler l’ouvrage.

Ce déchaînement du parti antiphilosophique n’avait pas pour unique objet le livre de l’Esprit. Dans son réquisitoire, l’avocat général usa même de ménagements envers la personne de l’auteur, « qui, disait-il, n’aurait jamais donné le jour à cette production funeste si, moins livré à des impressions étrangères, il n’eût consulté que les sentiments intimes de son propre cœur[1]. » Ailleurs, le magistrat est encore plus explicite ; et, après avoir dit que le livre d’Helvétius n’était qu’un abrégé des principes exposés dans le Dictionnaire encyclopédique, il le dénonce au Parlement, qui institue une commission composée de théologiens et d’avocats, pour

  1. Voltaire dans sa Correspondance (lettre à Saurin, 14 décembre 1772), dit que c’est sur les conseils de Duclos qu’Helvétius composa son ouvrage.