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pris à ses gages des écrivains faméliques, que des dispositions naturelles, à déprimer tout ceux qui était au-dessus d’eux par le talent et le caractère, poussaient à la calomnie, encore plus que le besoin de vivre. Soit dans des écrits périodiques, soit dans des pamphlets, ils gagnaient leur subside en faisant pleuvoir sur les philosophes une grêle de traits empoisonnés. L’ineptie de telles attaques les aurait rendues inoffensives, si, pour certaines gens, la méchanceté ne valait pas mieux que le talent.

D’Alembert, dont l’énergie n’était pas sans doute proportionnée au génie, se lassa bientôt d’être toujours en butte, comme un des directeurs de l’Encyclopédie, à la malignité de ses ennemis, et d’avoir sans cesse à redouter des mesures de rigueur de la part du gouvernement : « Les satires odieuses, écrit-il à Voltaire[1], qu’on publie contre nous, et qui sont non-seulement tolérées, mais protégées, autorisées, applaudies, commentées même par ceux qui ont l’autorité en main ; les sermons, ou plutôt les tocsins qu’on sonne à Versailles contre nous en présence du roi, nomine reclamante, l’inquisition nouvelle et intolérable qu’on veut exercer contre l’Encyclopédie, en nous donnant de nouveaux censeurs plus absurdes et plus intraitables qu’on n’en pourrait trouver à Goa ; toutes ces raisons, jointes à plusieurs autres, m’obligent de renoncer à ce travail. »

La retraite de d’Alembert porta un coup terrible

  1. Janvier 1758.