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fondes à côté de lui… Il sera souvent le tourment de ma pensée. Nos amis communs ont jugé entre lui et moi ; je les ai tous conservés et il ne lui en reste aucun. C’est une action atroce que d’accuser publiquement son ami, même lorsqu’il est coupable ; mais quel nom donner à l’action s’il arrive que l’on soit innocent ? Quel nom lui donner encore si l’accusateur s’avouait au fond de son cœur l’innocence de celui qu’il ose accuser ? Je crains bien, Monsieur, que votre compatriote ne se soit brouillé avec moi parce qu’il ne pouvait plus supporter ma présence ; il m’avait appris, depuis deux ans, à pardonner les injures particulières, mais celle-ci est publique et je n’y sais pas de remèdes. Je n’ai point lu son dernier ouvrage ; on m’assure qu’il s’y montre religieux : si cela est, je l’attends à son dernier moment. »

La rupture de Rousseau avec Diderot devait avoir pour effet de rapprocher ce dernier de madame d’Épinay. Malgré la réserve du Philosophe, elle n’avait pas perdu l’espoir de le ramener. Jamais elle n’avait eu pour lui plus d’admiration et un plus grand désir de l’avoir pour ami. « Quatre lignes de cet homme, écrivait-elle à Grimm, me font plus rêver et m’occupent davantage qu’un ouvrage complet de nos prétendus beaux esprits. »

Heureusement pour Diderot qu’il recevait les consolations de l’amitié, parce qu’il allait traverser les plus rudes épreuves.

Le parti antiphilosophique, à la tête duquel étaient des personnages du plus haut rang, avait