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Madame d’Épinay était à Genève depuis le commencement du mois de décembre de 1757. À l’occasion de son arrivée, Voltaire écrivait à M. Tronchin, de Lyon, parent du docteur : « Esculape-Tronchin nous attire ici toutes les jolies femmes de Paris… Il est allé au devant de madame d’Épinay, qui s’est trouvée mal sur le chemin de Lyon à Genève. Il lui rendra la santé comme aux autres. Je ne crois d’autres miracles que les siens. » À M. et madame d’Épinay, il s’empressait de faire ses offres de services, ainsi que ceux de sa nièce, madame Denis[1].

On trouve dans les Mémoires de madame d’Épinay la preuve de la douleur que ressentit Diderot quand il apprit la conduite de Rousseau à son égard. À ce propos, il écrivait à un ministre de Genève : « Je cause avec vous comme je causais autrefois avec cet homme qui s’est enfoncé dans le fond d’une forêt où son cœur s’est aigri, où ses mœurs se sont perverties. Que je le plains ! Imaginez que je l’aimais, que je m’en souviens, que je le vois seul entre le crime et le remords avec des eaux pro-

  1. Les vers suivants, adressés par Voltaire à madame d’Épinay le 26 décembre 1757, nous donnent des renseignements sur la maladie dont elle souffrait :
    Des préjugés sage ennemie

    Vous de qui la philosophie
    L’esprit, le cœur et les beaux yeux
    Donnent également envie
    À quiconque veut vivre heureux
    De passer près de vous sa vie ;
    Vous êtes, dit-on, tendre amie ;
    Et vous seriez encore bien mieux
    Si votre santé raffermie
    Et votre beau genre nerveux

    Vous en donnait la fantaisie.