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partit de deux endroits à la fois. Jean-Jacques fit cause commune avec les prédicants de Genève qui étaient seuls en cause. D’Alembert, dans cet article, disait : « Dans cette ville on ne souffre point de comédie[1] ; ce n’est pas qu’on y désapprouve les spectacles en eux-mêmes ; mais on craint le goût de parure, de dissipation et de libertinage que les troupes de comédiens répandent parmi la jeunesse. Cependant, on pourrait peut-être remédier à cet inconvénient… Par ce moyen Genève aurait des spectacles et des mœurs et jouirait de l’avantage des uns et des autres : les représentations théâtrales formeraient le goût des citoyens et leur donneraient une finesse de tact, une délicatesse de sentiment qu’il est très-difficile d’acquérir sans ce secours. » Puis, plus loin, parlant du clergé de Genève, il disait : « Les ministres ont des mœurs exemplaires, ils vivent dans une grande union ; on ne les voit point, comme dans d’autres pays, disputer entre eux, avec aigreur, sur des matières inintelligibles, se persécuter mutuellement, s’accuser indécemment auprès des magistrats. Il s’en faut, cependant, beaucoup qu’ils pensent tous de même sur les articles qu’on regarde ailleurs comme les plus importants à la religion. Plusieurs ne croient plus la divinité de Jésus-Christ… Pour tout dire, en un mot, plusieurs pas-

  1. On trouve dans les registres du Conseil d’État de Genève que le 16 décembre 1738, le consistoire remontra que la comédie causait une perte de temps considérable, surtout aux étudiants et aux apprentis, qu’elle enracinait dans les cœurs, l’esprit de mondanité, nourrissait l’amour du luxe et le goût de la parure…