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succès : « son ami Grimm en est plus content mille fois que lui-même. L’intérêt qu’il y prend a passé jusqu’à moi ; je me sens heureuse de ce succès. J’ai débité, pour ma part, plus de cent exemplaires en deux jours. »

En fait, même à la lecture, le Fils naturel est loin d’être un chef-d’œuvre. Voltaire, à qui l’auteur s’empressa de l’envoyer, ne sait comment en faire l’éloge, lui qui cependant avait tant de tact et maniait si adroitement la flatterie. Dans sa lettre de remerciements, il lui dit : « Votre ouvrage ressemble à son auteur, il me paraît plein de vertus, de sensibilité et de philosophie ; » puis laissant le livre, il se rabat sur des questions secondaires de réformes théâtrales, qu’il n’espère pas « tant que les petits-maîtres se mêleront sur la scène avec les acteurs[1] ; » enfin, il lui parle de l’excommunication qui frappe ceux-ci, de l’Encyclopédie, et lui rappelle sa détention à Vincennes. Mais des idées de Diderot sur la manière dont il comprend le théâtre et sur l’exécution de sa pièce, il n’en est pas question. Évidemment, le poète ne la trouvait pas bonne.

Diderot se proposait de créer un genre destiné à représenter la vie privée et surtout la vie de famille

    fat, femme, etc., de l’Encyclopédie, articles dont la médiocrité n’a pas échappé à Voltaire. Il a fait encore, en collaboration avec son ami Margenci, une petite pièce fugitive intitulée : Voyage de Saint-Germain. Notons que Margenci et Desmahis ont fait quelque temps partie de la société du baron d’Holbach.

  1. Le comte de Lauraguais, grand-maître des Menus-Plaisirs, mit fin à cet abus, un peu plus tard, en 1759.