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du poème des Saisons, s’était déjà fait connaître dans les lettres par de jolis vers, au succès desquels Voltaire et madame du Châtelet n’avaient pas nui. Mais ce qui surtout l’avait mis à la mode dans les salons de Paris, ce fut la passion qu’il avait inspirée à cette femme célèbre pendant qu’ils étaient ensemble à la Cour de Lorraine, passion qui avait eu pour Émilie des suites si funestes.

Pendant que Rousseau était à l’Ermitage, l’amant de madame d’Houdetot faisait partie, sous les ordres du prince de Beauvau, son protecteur et son ami, de l’expédition dirigée contre Port-Mahon par le duc de Richelieu ; avant son départ, il avait conseillé à la comtesse d’Houdetot d’aller visiter Jean-Jacques parce que, comme Diderot et Grimm, il craignait pour lui l’effet de l’isolement. Il devait être très-mal récompensé de sa confiance. Personne n’ignore, en effet, que c’est à la constance de madame d’Houdetot que Saint-Lambert est redevable de n’avoir pas perdu à la fois et sa maîtresse et son ami.

À la Chevrette, on fut indigné de la conduite de Rousseau ; cependant, on n’en fit rien paraître parce qu’il semblait assez puni par les remontrances sévères, mais méritées, que Diderot lui adressa à cette occasion.

Notre philosophe pouvait croire en ce moment que ses amis s’étaient concertés pour lui causer des tracas. Il venait d’avoir avec Grimm une explication au sujet de sa liaison avec madame d’Épinay, pour laquelle Diderot n’avait, on le sait, aucune sympathie.