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de la forêt de Bœhmischbroda, en Bohême, il gagnerait jusqu’à 30 deniers par jour, et sa famille serait riche et honorée ;

» Et je vis qu’on appelait cela battre la mesure, et encore qu’elle fut battue bien fortement, les musiciens n’étaient jamais ensemble. »

Après Grimm vint Jean-Jacques qui, dans sa Lettre sur la Musique française, porta le plus rude coup au parti antibouffon. Il mit le feu aux quatre coins de Paris[1]. Il conclut que « les Français n’ont point de musique et n’en peuvent avoir, ou que, si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. » Et pourtant, par une contradiction dont il ne faudrait pas trop s’étonner de sa part, il venait de faire représenter le Devin du Village.

Cet intermède, joué à Fontainebleau devant le roi, obtint le plus grand succès. « Ceux qui ont vu cette première représentation, dit Rousseau, doivent s’en souvenir, car l’effet en fut unique[2]. » Sous

  1. Voy. la Correspondance littéraire de Grimm, 15 octobre 1753. À propos de la Correspondance littéraire, il importe de remarquer que l’abbé Raynal en a rédigé le commencement, et que la plus grande partie doit en être attribuée à Meister. Pendant les fréquentes absences de Grimm, Diderot aussi y a très-largement contribué.
  2. Pendant la première représentation à Paris, le 1er mars 1753, deux hommes, appartenant aux partis opposés, défendaient bruyamment leurs opinions et troublaient la représentation. Un garde s’approcha pour faire baisser le ton, mais le Lulliste dit au grenadier : Monsieur est donc bouffonniste ? ce qui déconcerta tellement le militaire qu’il retourna tout confus à son poste (Anecdotes dramatiques, page 279).

    Berlioz, dans ses intéressants Mémoires, raconte que pendant une représentation du Devin du Village, à laquelle il assistait,