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M. d’Épinay. Avec les dehors de l’homme du monde, il avait tous les défauts qui relâchent et détruisent les liens de famille : il était prodigue et libertin. Bien qu’il eût pu trouver chez sa femme un commerce agréable et sûr ; à la tendresse et à la grâce unie à l’intelligence, il préféra toujours les amours faciles.

L’indifférence et l’exemple de son mari, la société d’une demoiselle d’Ette, femme méchante et sans principes, plus tard cruellement punie par l’abandon de son amant, le chevalier de Valori, enfin, les assiduités d’un homme très-séduisant, du patron de Jean-Jacques, M. de Francueil, détournèrent madame d’Épinay de ses devoirs d’épouse[1].

Au printemps de 1749, avons-nous dit, Rousseau, sur la présentation de M. de Francueil, fut admis à prendre part aux amusements de la Chevrette[2],

    secrétaire du roi du grand collége. Il est d’une grande dévotion, fort charitable et très-honnête homme ; il est extrêmement versé dans les ouvrages des cinq grosses fermes. De la Live d’Épinay, son fils aîné, est reçu en survivance. »

  1. On n’ignore pas que George Sand (Aurore Dupin) est petite-fille de M. de Francueil et d’une fille naturelle du maréchal de Saxe.

    Quoi qu’en ait dit Rousseau dans ses Confessions, madame d’Épinay n’était pas sans charmes. Voltaire, qui la vit plus tard à Genève, ne lui écrivait jamais sans l’appeler ma belle philosophe et sans vanter ses beaux yeux. Rousseau parle d’ailleurs de son teint qui était très-blanc. Il existe au musée de Genève un portrait d’elle par Liotard, auquel Voltaire fait allusion dans une lettre à Linant. « Je remercie à deux genoux la philosophe qui met son doigt sur son menton et qui a un petit air penché que lui a fait Liotard….. Son âme est aussi belle que ses yeux. » Correspondance générale, 22 février 1760. (Voir le Supplément à la fin du volume.)

  2. La Chevrette était une dépendance du domaine d’Épinay.