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plus illustres géomètres que la France ait vu naître, le célèbre d’Alembert.

Jean le Rond d’Alembert est né le 17 novembre 1717. Il était fils naturel de madame de Tencin et de M. Destouches, commissaire-provincial d’artillerie. Exposé sur les marches de Saint-Jean-le-Rond, on le porta dans la boutique d’un pauvre vitrier dont la femme lui servit de nourrice et lui donna, pendant quarante ans qu’il demeura chez elle, les soins les plus dévoués. Aussi d’Alembert, reconnaissant, disait-il : « Ma vraie mère, c’est la vitrière. » M. Destouches fit pour l’éducation de son fils, et pour lui assurer une existence indépendante, « ce qu’exigeaient la nature et le devoir[1]. » Au collège des Quatre-Nations, où il fit ses études, le jeune d’Alembert manifesta bientôt des capacités singulières pour les mathématiques ; à vingt-quatre ans, il était déjà membre de l’Académie des sciences ; et à l’époque où nous sommes arrivés, il avait fait ses deux plus importantes découvertes : en 1743, le célèbre principe qui porte son nom et en vertu duquel les questions de mouvements rentrent dans de simples questions d’équilibre ; puis, en 1746, le calcul intégral aux différences partielles, dans lequel, suivant la juste remarque de Lagrange, les géomètres auraient dû voir réellement un calcul nouveau.

On sent quel crédit dut donner à l’entreprise le nom de d’Alembert, et combien Diderot fut bien

  1. Voy. Éloge de d’Alembert, par Condorcet.