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pondance qui, sans avoir été très-active, ne fut pourtant jamais complètement arrêtée.

La lettre que Voltaire écrivit à Diderot, pour le remercier de son envoi, est tout à fait courtoise. Il le complimente sur son livre ingénieux et profond, qui dit beaucoup et fait entendre davantage, et l’invite à venir, avant qu’il parte pour Lunéville, faire un repas philosophique chez lui avec « quelques sages. »

Toutefois, il y avait dans la Lettre sur les Aveugles un passage au sujet duquel ces deux hommes ne pouvaient pas s’entendre ; et leur divergence, sur ce point, devait s’accentuer davantage par la suite : « Je vous avoue, disait Voltaire, que je ne suis point du tout de l’avis de Saunderson, qui nie un Dieu parce qu’il est né aveugle. »

En réalité, ce n’est pas ainsi que Diderot fait parler Saunderson ; il lui fait dire seulement que le grand raisonnement qu’on tire du spectacle de la nature, pour prouver l’existence de la divinité, est bien faible pour un aveugle. « Tout cela, continue Saunderson, n’est pas aussi beau pour moi que pour vous. » Puis, comme son interlocuteur le presse et invoque le témoignage des grands hommes que les merveilles de la nature, et en particulier celles que présente le règne animal, ont amené à la croyance en Dieu, l’aveugle se sent ébranlé, mais il ajoute : « Qui vous a dit que dans les premiers instants de la formation des animaux, les uns n’étaient pas sans tête et les autres sans pieds, et qu’il ne soit resté que ceux où le mécanisme