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il préparait son Essai sur l’origine des connaissances humaines, qu’il ne devait terminer qu’en 1746.

C’est sous l’aiguillon d’une passion, d’ailleurs injustifiable, que Diderot devait se mettre sérieusement à l’œuvre et pour ne plus se reposer.

Pendant un voyage que fit sa femme pour aller voir son beau-père[1], il s’éprit de madame de Puisieux, une manière de bel esprit dont les productions éphémères, aujourd’hui justement oubliées, étaient loin de pouvoir suffire à satisfaire les nombreuses fantaisies. Pour venir en aide à son amie, Diderot donna presque coup sur coup l’Essai sur le mérite et la vertu et les Pensées philosophiques ; puis, en 1749, l’année des grandes entreprises, la Lettre sur les Aveugles. Les Pensées philosophiques appelèrent l’attention sur leur auteur, elles lui attirèrent même quelques tracasseries ; mais la Lettre sur les Aveugles commença sa réputation. Pour la première fois, en effet, le philosophe s’était révélé.

Diderot envoya son livre à Voltaire, qui était alors à Paris, où, après avoir réussi à faire jouer, malgré le vieux Crébillon et ses protecteurs, sa Sémiramis, il assistait aux représentations de Nanine. Ainsi s’établit entre le poëte et le philosophe une corres-

  1. Diderot avait annoncé à son père la visite de sa femme par le billet suivant dont le laconisme et la forme sont à remarquer : « Partie hier, elle vous arrivera dans trois jours ; vous lui direz tout ce qu’il vous plaira et vous la renverrez quand vous en serez las. » Voy. Mémoires de madame de Vandeul.