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déré depuis son origine, paraît aux yeux du philosophe un tout immense qui lui-même a, comme chaque individu, son enfance et ses progrès[1]. »

La grande originalité, l’indépendance d’esprit de Turgot se révèlent dans son appréciation du moyen âge. Quoique vivant au milieu de penseurs qui considéraient cette période comme sans attaches avec le passé et l’avenir, il osa dire que la prétendue nuit du moyen âge n’existait pas : « Quelle foule d’inventions ignorées des anciens et dues à un siècle barbare ! Notre art de noter la musique, les lettres de change, notre papier, le verre à vitres, les grandes glaces, les moulins à vent, les horloges, les lunettes, la poudre à canon, l’aiguille aimantée, la perfection de la marine et du commerce. »

Les opinions philosophiques de Turgot, ne s’accordant pas avec l’état qu’on lui avait fait embrasser, il crut plus digne de le quitter. Il entra dans la magistrature, pensant que les charges de la robe ne mettraient pas ses idées aux prises avec ses devoirs.

Il était maître des requêtes depuis peu de temps quand il donna quelques articles à l’Encyclopédie[2]. L’entreprise de Diderot et de d’Alembert lui paraissait très-propre à détruire les préjugés et à faire connaître et adopter les vérités qui doivent diriger les opinions et la conduite.

  1. Cette conception est le développement de la pensée de Pascal : « L’humanité doit être considérée comme un seul homme qui vit toujours et qui apprend continuellement. »
  2. Les articles Étymologie, Expansibilité, Existence, Foires et Fondation.