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à d’Argental, de me mander s’il est vrai que M. le duc de Choiseul ait été accusé de s’entendre avec le Parlement de Paris, et de fomenter sa très-condamnable désobéissance[1]. » C’était un protecteur que perdait le Patriarche, et sur lequel il croyait pouvoir compter en un besoin. Heureusement que la chute de Choiseul devait avoir pour résultat d’augmenter le crédit du duc de Richelieu[2], et de son neveu, le duc d’Aiguillon ; en sorte que le prudent vieillard ne pouvait pas manquer d’appui, le cas échéant. Malgré sa peur d’être persécuté, ce n’est pas le gouvernement qui allait lui faire une des blessures les plus profondes qu’il ait jamais reçues. Au commencement de l’année 1772, un livre parut, imprimé à Amsterdam et portant ce titre : Réflexions sur la jalousie pour servir de commentaire aux derniers ouvrages de M. de Voltaire. Or, ce livre était une attaque des plus acerbes contre Voltaire, à l’occasion des critiques, pour la plupart très-superficielles, et quelquefois malveillantes il

  1. 17 avril 1771.
  2. En haine de Choiseul et pour contre-balancer son influence, le maréchal duc de Richelieu s’était associé avec un valet, Lebel, pour donner une maîtresse à Louis XV : le choix de ces deux pourvoyeurs du prince tomba sur Jeanne Bécu, plus connue sous le nom de la Du Barry. Le digne courtisan réussit dans son dessein, car la nouvelle favorite finit par faire sauter Choiseul. Parlant du ministère de Choiseul, le maréchal disait : « Pendant que M. de Choiseul gouvernait pour le roi, madame de Gramont gouvernait son frère, gouvernée elle-même par mademoiselle Julie, camériste-favorite, servante-maîtresse, mais esclave à son tour d’un petit chien frisé et musqué, qui par conséquent gouvernait la France. » (V. Nouveaux mémoires de Richelieu, par M. de Lescure.)