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pour qu’il n’y retourne pas. Si vous lui faites donner sa parole, je crois qu’il la tiendra. Pardon mille fois, mais il y va de mon repos, et c’est le repos de quelqu’un que vous honorez de votre estime et de votre amitié, et qui, quoi qu’en dise Jean-Jacques, se flatte de la mériter. J’irai vous faire mes excuses et mes remerciements à la fin de cette semaine ; ne vous donnez pas la peine de me faire réponse, cela n’en demande pas ; je compte sur vos bontés ; cela me suffit. »

À partir de ce moment, le dangereux monomane dut se priver de sa plus douce jouissance : M. de Sartines le fit mander et lui interdit toute lecture de ses Mémoires dans les salons parisiens.

Cette condescendance de l’homme en place, était le prélude de la justice qu’on allait rendre aux gens de lettres les plus éminents. Nous les verrons bientôt, en effet, prendre une part directe aux affaires. La classe dirigeante, les gens de Cour, tomberont si bas, entraînant la France avec eux, que l’on sentira enfin la nécessité de remettre le pouvoir en des mains plus habiles et plus pures.

En attendant, le duc de Choiseul avait été exilé à sa terre de Chanteloup, le 24 décembre 1770[1] ; les Parlements enlevés, le 20 janvier 1771, et remplacés par des commissions à la tête desquelles

  1. Ce fat, plus autrichien que français, se flattait d’être l’ennemi personnel du grand Frédéric. Quelqu’un demandant en sa présence quel était l’auteur de vers outrageants contre ce prince (vers commandés à la fabrique de Palissot), l’auteur ? dit Choiseul, c’est moi !