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Anglais froid et sérieux peut l’être, « son esprit, sa beauté et son éducation furent le sujet des applaudissements universels. » M. Curchod étant mort, sa fille se retira à Genève, où elle vécut et soutint sa mère en donnant des leçons. En 1764, elle épousa M. Necker, et alla vivre à Paris. C’est sous son influence que le financier embrassa la carrière politique.

Jacques Necker, de Genève, était entré de bonne heure dans la maison de banque de M. Vernet, à Paris, et son aptitude aux affaires le fit remarquer du chef de la riche maison Thelusson, dont il devint l’associé. Reconnaissant ses capacités d’administrateur, la République de Genève le choisit pour son résident à la Cour de France. Nommé plus tard syndic de la Compagnie des Indes, il la défendit en 1769 contre les attaques de l’abbé Morellet, mais sans pouvoir empêcher sa chute, arrivée en 1770, l’année même où nous voyons les philosophes souscrire, chez lui, pour l’érection d’une statue à Voltaire.

Il ne paraît pas que ce soit la recherche de sa table qui attirât les gens de lettres chez le banquier. Grimm, dans une annonce comique, qu’il fait au nom de l’Église philosophique, dit : « Sœur Necker fait savoir qu’elle donnera toujours à dîner les vendredis : l’Église s’y rendra parce qu’elle fait cas de sa personne et de celle de son époux ; elle voudrait pouvoir en dire autant de son cuisinier[1]. »

  1. Voy. Correspondance littéraire, janvier 1770.