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s’aimer lui-même et de chercher son bonheur, ils prétendent qu’il lui faut des secours surnaturels pour faire le bien, et, malgré cette liberté qu’ils lui attribuent, ils assurent qu’il ne faut pas moins que l’auteur de la nature lui-même pour détruire les mauvais penchants de son cœur. Mais, hélas ! cet agent si puissant ne peut lui-même rien contre les penchants malheureux que, dans la fatale constitution des choses, les mobiles les plus forts donnent aux volontés des hommes, et contre les directions fâcheuses que l’on fait prendre à leurs passions naturelles. »

La doctrine de la non-liberté de l’homme, à laquelle il est fait allusion dans ce dernier paragraphe, est démontrée plus loin jusqu’à l’évidence : « Pour se détromper du système de la liberté de l’homme, il s’agit simplement de remonter au motif qui détermine sa volonté, et nous trouverons toujours que ce motif est hors de son pouvoir..... Si l’on insiste, et qu’on dise que, dans les choses indifférentes, il est le maître de choisir, ce qui prouve qu’il est libre ; je réponds que l’homme, pour quelque action qu’il se détermine, ne prouvera point sa liberté ; le désir de montrer sa liberté, excité par la dispute, deviendra, dès lors, un motif nécessaire qui le décidera à prendre l’un ou l’autre parti ; ce qui lui fait prendre le change, ou ce qui lui persuade qu’il est libre dans cet instant, c’est qu’il ne démêle point le vrai motif qui le fait agir : le désir de me convaincre. »

Malheureusement, la nature humaine n’est pas