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glandes plus enflées… Bordeu dit tant pis ; Tronchin dit tant mieux. J’ai bien peur que Bordeu ne soit un grand médecin. » Damilaville mourut deux mois après et sans faiblesse[1]. Sa mort devait avoir pour résultat de suspendre les rapports de Diderot et des philosophes avec Voltaire.

L’union philosophique n’était plus d’ailleurs aussi indispensable qu’elle avait dû l’être, quand il s’agissait de lutter contre les ennemis de l’Encyclopédie. Cependant, quoique moins préjudiciable que si elle se fût produite auparavant, cette détente des liens qui unissaient les libres penseurs ne laissait pas d’affecter les plus sensibles d’entre eux, Diderot et Voltaire. Diderot, surtout, qui était témoin des désaccords qui s’élevaient parfois entre ses amis, et qui avait aussi quelquefois maille à partir avec ses plus intimes, Grimm et d’Holbach, en souffrait cruellement.

Heureusement que la discorde ne régnait pas longtemps et que d’Holbach et Grimm ne pouvaient se passer du Philosophe. Soit pour sa Correspondance, soit pour ses Salons, ce dernier était obligé d’avoir recours à l’obligeance inépuisable de son ami ; et le baron ne manquait pas non plus de travail à lui donner. Un incident, cependant, faillit amener une rupture définitive. Un des principaux corres-

  1. Les articles Vingtième et Population de l’Encyclopédie, sont de Damilaville. Il avait aussi composé un ouvrage : l’Honnêteté théologique, commençant par ces mots : « Depuis que la théologie fait le bonheur du monde… » où Grimm crut reconnaître la main de Voltaire.