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plus aussi assidus aux réunions de la rue Royale. Même parmi les intimes, il y avait, depuis que ce lien philosophique n’existait plus, des tiraillements et des brouilleries qui, jusqu’alors, ne s’étaient jamais produites. Soit entre les femmes, — c’est-à-dire entre les dames du Grand-Val et madame d’Épinay, ou entre celle-ci et madame Geoffrin, — soit parmi les hommes, il s’élevait de temps en temps des discussions qui jetaient du froid dans les relations. Grimm était toujours de plus en plus exigeant envers Diderot ; soit pour sa correspondance, soit pour ses Salons, il le harcelait sans cesse. D’autre part, le baron voulait l’avoir toujours au Grand-Val, pour revoir ses productions. Or, il était depuis quelque temps tout à fait en verve. De 1767 jusqu’en 1768, d’Holbach avait, en effet, livré aux libraires plus de vingt volumes. L’Esprit du clergé, les Prêtres démasqués, le Militaire philosophe, l’Imposture sacerdotale, les Doutes sur la religion, la Théologie portative étaient autant de produits de sa veine. En 1768, Diderot écrivait à son amie : « Il pleut des bombes dans la maison du Seigneur ; je tremble toujours que quelqu’un de ces téméraires artilleurs ne s’en trouve mal. Ce sont les Lettres philosophiques, traduites ou supposées traduites de l’anglais de Toland, ce sont les Lettres à Eugénie, c’est la Contagion sacrée, c’est l’Examen des prophètes, c’est la Vie de David ou de l’Homme selon le cœur de Dieu, ce sont mille diables déchaînés. »

Les appréhensions de Diderot n’étaient pas sans fondement, et l’anecdote suivante peut donner