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où tout était rétabli ; cet exemplaire est en Russie, avec la bibliothèque[1]. »

Sur ces entrefaites, la publication de l’Encyclopédie avait été reprise, et le huitième volume avait paru en 1765 ; mais Diderot s’aperçut bientôt qu’il ne fallait pas compter sur la régularité qu’il avait un moment espérée. Il suffisait, en effet, d’appeler sur la reprise de l’ouvrage l’attention de l’autorité, pour que l’arrêt de 1739, qui n’avait pas été rapporté, fût appliqué dans toute sa rigueur. Or, Lebreton, qui n’était pas à bout de sottises, commit l’imprudence de porter à Versailles, juste au moment où le clergé s’assemblait, le huitième volume aussitôt qu’il eut été imprimé. Cette démarche maladroite avait ranimé les mauvaises intentions des ennemis de l’entreprise ; et au moindre prétexte, ils pouvaient laisser tomber l’épée de Damoclès qu’ils tenaient suspendue sur la tête de Diderot.

À ces difficultés, déjà suffisantes pour rendre presque impossible la continuation du travail, allaient s’en s’ajouter d’autres tout à fait imprévues. Le chevalier de la Barre venait d’être condamné au feu pour profanation. « L’atrocité de cette aventure, écrit Voltaire à d’Argental[2], me saisit d’horreur et de colère. Je me repens bien

  1. Espérons que M. Godard, qui a copié les manuscrits de Diderot à l’Ermitage, aura également pris copie de ces articles et que M. Assézat les rétablira dans sa belle édition des Œuvres complètes de Diderot.
  2. Des eaux de Rolle, 16 juillet 1766.