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de l’Académie étaient bien fondées ; car lorsqu’il soumit à l’approbation de Louis XV la nomination de Diderot, le roi lui fit cette fière réponse : « Il a trop d’ennemis[1]. »

L’expulsion des Jésuites devait produire, au sein de la société française, une lacune qu’il était de la plus haute importance de combler au plus tôt : ils étaient chargés de l’éducation publique, et il devenait urgent de les remplacer. C’est au sentiment de cette nécessité pressante qu’est dû le grand nombre de tentatives d’éducation nationale qu’on vit paraître alors. Tous les ouvrages de l’époque se ressentent plus ou moins de cette disposition des esprits. Le promoteur de l’acte de rigueur dirigé contre la célèbre compagnie, la Chalotais, dans son Essai d’éducation publique, montrait que l’éducation qu’on recevait dans leurs colléges était vicieuse, bonne tout au plus pour l’école, et qu’il fallait songer à lui en substituer une autre qui formât des citoyens[2].

  1. Diderot a fait allusion à cet indigne monarque dans le passage suivant de sa réfutation de l’Homme d’Helvétius. « Un des représentants de Jupiter sur la terre se lève, prépare lui-même son chocolat et son café, signe des ordres, se déshabille, se met à table, s’enivre comme Jupiter ou comme un portefaix, s’endort sur le même oreiller que sa maîtresse et il appelle cela gouverner son empire. » (Œuvres complètes de Diderot en cours de publication, tome II.)
  2. Diderot, dans son Voyage à Langres, porte ce jugement sur l’ouvrage de M. de la Chalotais : « Le célèbre procureur général de Rennes est le seul qui nous ait donné un traité d’éducation publique, où l’on voit qu’avec tout son génie, faute de s’être demandé ce qu’il fallait faire, il n’a rien fait qui vaille. Il a pris pour modèle de son instruction, un enfant