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Par ses fonctions, il avait eu les moyens de voir de près plusieurs espèces animales, et ayant étudié leurs mœurs, leurs habitudes, il découvrit chez elles, comme chez l’homme, quoique à un moindre degré des sentiments et des aptitudes au perfectionnement. Il publia d’abord le résultat de ses observations dans l’Encyclopédie, aux articles chasse, instinct, fermier, forêt, fureter, garenne, etc., puis dans des Lettres qui parurent successivement de 1762 à 1781[1].

Ces découvertes qui, au premier abord, ne semblaient pas avoir une bien grande portée, abattaient pourtant la barrière élevée par Descartes, entre l’homme et les animaux, barrière qu’avait maintenue Buffon, dans son Discours sur la nature des Animaux, par sa distinction arbitraire entre l’instinct d’une part, et l’intelligence de l’autre[2].

Buffon, qui, lui aussi, avait fait partie pendant quelque temps de la société du baron, s’en te-

  1. Voy. la savante introduction dont M. le Dr Robinet a fait précéder la 4e édition des Lettres sur les Animaux.
  2. À propos des Lettres sur les Animaux, Voltaire écrivait à madame du Deffand, le 22 février 1769. « Vous me demandez, madame, si j’ai lu les Lettres sur les Animaux : oui, j’en ai lu deux ou trois, il y a plus d’un an. Vous jugez bien qu’elles m’ont fait plaisir puisque l’auteur pense comme moi. Il faudrait qu’une montre à répétition fût bien insolente pour croire qu’elle est d’une nature absolument différente de celle d’un tournebroche. » Palissot, lui, trouvait plaisant dans ses Petites lettres à la princesse de Robecq, que Georges le Roy ait parlé de la raison du cerf à l’article de l’Encyclopédie qui concerne cet animal. — Certes la raison d’un cerf n’est pas celle d’un Socrate ou d’un Diderot : mais elle vaut bien celle d’un Palissot : elle est, sans contredit moins nuisible. —