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— Sire, fait-il, perdez-vous le sens ? Quand Huon est venu ici, vous l’avez vous-même garanti contre tous. Si vous le frappiez, ce serait meurtre et trahison.

— Ah ! Naimes, dit Charles, quand je vois mon enfant mort, j’ai trop grande douleur au cœur !


Quand Huon comprit que c’était le fils de l’empereur qu’il avait tué, ne vous émerveillez pas s’il sentit un grand trouble dans son âme. Pourtant il fit belle contenance : il se leva, il s’éloigna de Charlemagne et lui adressa sagement la parole :

— Sire empereur, je ne le nie pas, j’ai tué celui que je vois là gisant, mais je l’ai tué à mon corps défendant et je ne savais pas qu’il fût votre fils. Si je l’avais su, croyez-vous que j’eusse été assez fou pour venir me réfugier dans votre cour même ? Ne me menacez pas d’un couteau, et surtout n’allez pas me déclarer la guerre. Pourquoi iriez-vous brûler mes châteaux,