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d’entre elles fut mécontente et me condamna à être, comme vous le voyez, un petit nain : je n’ai pas grandi depuis que j’ai eu trois ans. Quand elle eut prononcé sa parole, elle la regretta, mais l’effet en était irrévocable, et pour le compenser elle me donna d’être la plus belle créature qui soit au monde après Dieu, et, vous le voyez, je suis beau comme le soleil en été. Je ne veux pas vous raconter ici tout ce que m’ont donné les autres fées ; sachez seulement que j’ai un don plus précieux que tous les autres, qui est la grâce de Dieu. Je prise par-dessus tout la vaillance et la loyauté, et c’est pour cela que j’aime Huon, parce qu’il est prud’homme, et je l’ai mis à l’épreuve. Ami, dit-il à Huon, va porter à Charlemagne les moustaches et les dents : il te rendra ton héritage.

L’empereur se leva, prit Huon dans ses bras et le baisa.

— Je te pardonne, lui dit-il, je te rends ta terre, et désormais nous serons amis.