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lui donner moitié de ma terre.

Les Français l’entendent et pleurent de pitié ; mais Auberon :

— Vive Dieu ! tout l’or du monde, ne le sauverait pas. Je souhaite là dans ce pré un grand gibet qui monte plus haut que ne fait le trait d’un arc, et j’y souhaite Gérard et Gibouard son beau-père, et l’abbé avec son moine.

À peine avait-il parlé que des fenêtres de la salle on voyait dans la prairie un grand gibet à quatre branches, à chacune desquelles pendait un des félons. Tous les Français étaient dans la stupeur, et Charles s’écria :

— Cet homme est Dieu !

— Non, sire, dit Auberon, je ne suis pas Dieu ; je ne suis qu’un homme. Je m’appelle Auberon ; je suis né à Monmur : mon père est Jules César, celui qui a fait ces beaux chemins qu’on voit encore ; et ma mère est la fée Morgue. À ma naissance, il y eut grande fête, et beaucoup de fées vinrent visiter ma mère : une