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Huon reprit le bon hanap et le porta au duc Naimes, qui le vida d’un trait ; mais il n’y eut pas dans toute la salle, après lui, un seul baron qui put toucher au hanap sans que le vin en disparût.

Huon retourna auprès d’Auberon, et Auberon appela le duc Naimes :

— Vous êtes un prud’homme ; asseyez-vous près de moi.

Puis se tournant vers Charles :

— Empereur, dit-il, écoutez-moi. Vous avez grand tort de traiter Huon comme vous le faites, car il est plein de loyauté. Je vous dis, en toute vérité, qu’il a fait votre message auprès de l’amiral Gaudise : je l’ai aidé à le tuer, je lui ai vu lui couper ses blanches moustaches et lui ôter ses quatre dents machelières, et, par le pouvoir que je tiens de Dieu, je les ai souhaitées dans le côté de Géreaume. Je vous atteste que tout ce qu’il vous a dit est la pure vérité. Gérard a trahi son frère, et je vais le lui faire avouer. Approche, Gérard.